Hall de la gare Montparnasse, alors que les parachutistes font leur ronde Vigipirate, un groupe de voyageurs est amassé sur une esplanade à quelques pas des guichets. Quelques jeunes s’amusent à filmer la scène. D'autres regardent simplement, d’autres enfin sont happés par la poésie du moment… Au cœur de cette attention, un jeune homme. La valise à côté de lui. Un tee-shirt légèrement froissé par un voyage sûrement très long. Et là, on voit la passion en action. Il joue, joue, jusqu’à plus pouvoir. Il est habité. On le sent comme en transe dans une forme de mouvement instinctif ou primal. Ses mains s’accrochent inlassablement sur les touches du piano mis à disposition par la SNCF. Un beau piano noir, piano droit, qui semble avoir quelques années… mais accordé pour l’occasion. Le musicien-voyageur ferme les yeux, lance ses doigts aux quatre coins du clavier et l’attroupement regarde heureux et médusé. Le temps s’est arrêté. Entre deux TGV, la magie d’un voyage… puis un autre pianiste fait signe au premier de son envie d’aller plus loin. Le duo alors improvise à fond une mélodie pendant que les gens plus nombreux voient la scène offerte pour eux… Le spectacle durera une petite demi-heure.
Les guichetiers pas loin sont ravis. Du matin au soir, ils voient défiler tous les styles, toutes les improvisations possibles. On y voit toutes les nationalités rivaliser simplement sur le clavier avec le même amour pour la musique. Alors que cette salle des pas perdus était morne et triste, désormais, les notes s’enchaînent et donnent vie à une poésie du lieu…
La magie de ces moments. Pour aller plus loin, cette poésie au cœur d’une gare amène à quelques réflexions. Ces pianistes ont un jour appris leur don… et aujourd’hui face à un public de voyageurs, ils arrivent à donner du fond et de l’âme à leur art. Le public de Montparnasse a été ému par la venue d’un jeune de banlieue. Il s’est approché et s’est accoudé à l’instrument. On lui a proposé de jouer, mais il a dit qu’il ne savait pas. Il est resté longtemps ainsi… le regard ému par ces pianistes improvisés, choisis par le hasard des voyages. On sentait deux mondes se trouver et s’envisager. C’est ainsi qu’on a envie de donner une chance à chacun pour apprendre le piano ou tout autre instrument… On pense évidemment à ces entreprises de location qui ont enfin compris qu’un piano c’est cher que ce n'est pas à la portée de tous… on pense à nos gamins qui méritent ces instants-là.
Ils sont peut-être tout jeunes et leurs parents doivent peut-être chercher déjà une solution pour leur donner cette chance de s’exprimer avec d’autres mots… Leur premier piano sera fondamental. Il faut du bon, du sonore et du vrai. On a envie de confier alors cette chance à des pros… des vrais… On pense à ces derniers venus dans le domaine… les Nebout dont on entend parler ici et là… on pense à ces sites nouveaux comme « mon premier piano »… cela sonne bien… et puis in fine, on voit la magie de ces instants… on peut regretter que cette expérience « monpremierpiano » ne soit que resérvée à la location de piano sur Paris et ses alentours. Mais il faut commencer par un début. Et un instrument… c’est ce qu’il y a de mieux à transmettre à un enfant qui deviendra grand et peut être un jour se donnera au cœur de la gare Montparnasse… c’est cela l’importance de ce qu’un enfant appelle « mon premier piano »…
